en vol – Think

Carte Asie du Sud-Est
 

Réflexions sur l’habitat vernaculaire

 

Photos Phnom Penh et Saigon

L’envie de voyager en Asie du Sud-Est, de découvrir des cultures singulières à travers leur histoire, l’architecture tropicale, leurs modes de vie et la spiritualité, m’a amené à travailler pendant deux ans et demi au Vietnam et au Cambodge. Si la pratique du métier est par certains aspects différente de celle que je connaissais, ces expériences m’ont été enrichissantes par les rencontres, la nature des projets et leur envergure, les possibilités créatives des programmes, le contexte de la commande et les rapports avec la Maîtrise d’Ouvrage. J’ai constaté dans ces deux pays des transformations urbaines très rapides et à différentes échelles. L’implantation d’un nouveau bâtiment, de l’îlot entier à l’essor d’un nouveau quartier, apportent du rapport à la ville un sentiment d’évolution et de changement perpétuel. En corrélation avec ce phénomène, avec l’essor de la construction d’immeubles de logements collectifs et de shopping-malls d’une part, et le changement de modes de vies d’autre part, on peut voir ces pays se tourner vers l’occidentalisation.

 

 

 

Au cours d’échanges avec mes colocataires Vietnamiennes, ayant fait des études et un bon niveau de vie, j’ai en effet remarqué que leur mode de vie est différente ceux de leur famille, plus traditionnel. La facilité de voyager (pour les plus riches), internet et la mondialisation ouvre des perspectives et des créer des besoins.
Les processus constructifs évoluent et s’importent, amenant à laisser de côté les techniques traditionnelles, apporter un certain confort. Dans certains cas, la maison en parpaing remplace la maison de bois, les condominiums aux lignes contemporaines se construisent à la place des shop-houses. La construction de tours comme la Landmark à Hồ-Chi-Minh Ville, et la future Golden tower à Phnom Penh changent la perception de la ville, dont la skyline était originellement relativement basse. La mutation de ces villes se fait sentir .
Ce contraste est notamment visible aux abords d’Hồ-Chi-Minh Ville, land le quartier de Tanh Da, sur l’île de la soie appelée Okhna Tei près de Phnom Penh, mais aussi dans d’autres villes d’Asie du Sud-Est comme Bangkok, Kuala Lumpur.

 

 

Maison Ratanakiri

La variété des constructions entre tours contemporaines et habitat vernaculaire, m’a surpris et questionné. Pas simplement pour l’architecture, mais parce qu’elle semble renvoyer à des modes de vies très distinctes. Une fois à distance de la ville, l’architecture vernaculaire (variable selon les régions), avec ses techniques de construction locales et ses matériaux, offre un pannel de typologies intéressantes et s’implante dans le paysage comme si elle en avait toujours fait parti. Ce questionnement sur les limites entre le paysage urbain et rural, entre construction locale et architecture d’envergure, sophistiquée, illustre métaphoriquement les contradictions d’un monde de plus en plus urbanisé. Aujourd’hui bercés entre un monde libéral et gobalisé, nous pouvons remarquer en France des pratiques
inverses. En effet, la tendance du retour au “local”, s’instaure en corrélation d’une prise de
conscience de grands défis climatiques. Le bioclimatisme, la frugalité – notamment précepte de Philippe Madec -, évoquent une quête d’authenticité et une certaine recherche d’un “bon sens” de la manière dont on construit aujourd’hui. Au-delà d’une réponse de conformité a des labels, l’architecture frugale est portée sur l’utilisation de matériaux naturels universels, comme le bois, la terre, les fibres végétales. Ces matériaux ont de tous temps été utilisés pour construire, aux quatre coins de la planète. C’est pourquoi l’analyse de constructions vernaculaire en Asie du Sud-Est est un point de départ.